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Cinerestor
7 novembre 2012

La grande parade de King Vidor

Plus beau film muet

Big_Parade

La grande parade est un chef d'oeuvre, certainement l'un des plus grands films muets américains, et son succès est dû à la volonté de son réalisateur King Vidor.

Vidor a écrit et réalisé La grande parade. Ce fut son idée, il l'a développé, présenté devant les producteurs et y a mis comme vedette son grand ami John Gilbert. De bout en bout, le film est maîtrisé, il suit une direction précise. Vidor est un capitaine de navire qui connait par coeur les étapes de son voyage et quelle sera l'arrivée. C'est donc un immense plaisir de monter à bord et de se laisser guider.

La grande parade est un film qui utilise comme cadre la Première Guerre mondiale et l'absurdité de la guerre pour valoriser les relations entre les hommes. C'est un film du peuple et pour le peuple. Un film qui aurait pu être réalisé par Frank Capra, mais Vidor lui, tombe moins dans le sentimentalisme, ou plutôt, il le contrebalance grâce à des scènes de combat très intenses, très bien filmées et surtout très bien montées.

Vidor, qui était soucieux du rythme de ses films, trouve ici le parfait tempo. Dans la première partie, il installe le spectateur dans le quotidien de trois soldats que tout opposaient dans la vie civile, mais ici, dans l'armée, ils sont amis. Ils sont stationnés dans un petit village français et attendent les ordres. Jimmy (joué par Gilbert) y tombe follement amoureux d'une jeune française. Ils ne parlent pas la même langue et pourtant ils s'aiment déjà éperdument.

Dans cette première partie, le ton est volontairement léger. Vidor fait se succéder des séquences comiques et romantiques, mais sans jamais oublier de faire peser l'ombre de la guerre sur ce bonheur provisoire. Ainsi, quand arrive le moment d'aller au front, les adieux entre la française et Jimmy sont bouleversant, déchirant. Une des plus belles séquences de l'Histoire du cinéma. Le cadrage et le montage sont parfaits, les acteurs sublimes. L'impact est très grand sur le spectateur.

Dans la seconde partie, Vidor brise la légèreté d'avant, elle est écrasée par les tanks, broyée et explosée par les bombes. C'est la guerre qui règne. La guerre avec ses hommes qui tombent comme tombent les feuilles à l'automne. Jimmy est pris dans cette folie meurtrière et il craque. Il s'en sortira mais ne reviendra pas indemne. Une fois chez lui, il ne peut rester auprès des siens car quelque chose les sépare désormais. Il lui faut retourner vivre avec la petite française. Elle aussi a connu les ravages de la guerre et c'est sur les ruines des combats passés qu'ils pourront bâtir leur amour.

La grande parade est qu'un combat romanesque de l'amour et de l'humanité contre la guerre et la mort. Vidor choisit des hommes quelconques, ni pour, ni contre la guerre (ils la font pas devoir patriotique), des hommes de différentes classes sociales. Il veut dépasser tout jugement social comme il veut aller au-delà de la guerre. Son film est un hymne à la vie, mais il n'est jamais ridicule. Au contraire, il passe de la comédie au drame avec une telle précision qu'à aucun moment il ne bascule dans le grotesque.

King Vidor réalise ici l'un de ses plus grands films. La grande parade fait de lui un auteur et lui donnera le respect de la profession.

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